après avoir lu un livre pendant quelques heures, assise sur le canapé ou une chaise dans une position pour laquelle la jiaqi de 70 ans ne me remerciera pas, je trouve souvent que les mots sur la page commencent à flotter. ils se détachent de la page et se rapprochent de mes yeux, devenant de plus en plus grands. dans ce moment, j'ai un peu mal à la tête et je me sens toute petite face au poids de ces lettres noirs et étranges. des mots venant d'une langue étrangère qui, a un moment donné pendant mon enfance, a envahi ma vie. l'anglais habite dans chaque coin de ma vie et de mon cerveau et il refuse de partir. une colonisation culturelle.
maintenant que j'étudie à oxford, je me sens perdre mon francais de plus en plus. pendant la moitié d'octobre et tout novembre, j'amenais mémoires d'hadrian de marguerite yourcenar presque partout, moitié pour lire et me convaincre que je suis toujours francophone, moitié pour sembler cool au cas où on m'observe, petite chinoise qui parle couramment le français. après un mois et demi j'avais à peine lu 50 pages. yourcenar, c'est pas pour finir vite fait et recevoir un sentiment d'accomplissement! je pense que je vais devoir recommencer parce que parfois je commence à penser à autres choses en lisant, et je me trouve au milieu d'un paragraphe sans savoir comment j'y suis arrivée.
enfin bref. après avoir lu en anglais pendant très longtemps je dissocie un peu et je me demande comment j'ai permis l'anglais à me conquérir avec tant de totalité. je deviens dégoutée par la page devant moi; chaque mot représente une nausée construise de ings et de fuls. mais j'arrive pas à arrêter.
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